LA DANSE JAZZ ET LES CLAQUETTES
La Danse jazz et claquettes: L’évolution de la danse jazz s’éloigne de plus en plus des claquettes, tout comme la musique jazz qui, vers les années ’40, ne voulait plus se lier exclusivement à la danse pour devenir un art à part entière. On a l’impression que les arts en général, avec l’évolution, se sophistiquent mais aussi s’isolent.
Il est intéressant de faire le parallèle avec l’époque de la comédie musicale ou tous les arts se rencontraient sur le même plateau cinématographique ou sur les mêmes scènes.
Personnellement j’ai toujours défendu les claquettes comme art du spectacle mais aussi comme complément indispensable dans le cadre de l’enseignement de la danse jazz. Pédagogiquement, ce n’est pas évident de, par exemple, faire passer le jazz chez les enfants. Les enfants peuvent comprendre le mouvement, mais comme dans toute danse, c’est l’intention qui donne la caractéristique. C’est pour cela que je conseille les claquettes en tant qu’outil pédagogique avant d’aborder la danse jazz proprement dite, pourquoi ?
En claquettes en apprend le rythme, on le frappe, « on se le frappe dans le corps » et cela travaille en même temps les appuis. On apprend les déplacements de base,
La manipulation de la canne, du chapeau, très bien pour les enfants : souvent ils ont de la peine à gérer les bras ou à maîtriser les coordinations entre le haut et le bas du corps. Dernier point, le résultat de l’apprentissage est immédiat : on peut montrer ce que l’on a appris.
Dans une constante confrontation avec la musique binaire, la syncope est moribonde : que devient la danse jazz sans la syncope ? Peut on encore justifier l’appellation « danse jazz » ?
Mon travail personnel est basé sur l’étude rythmique : le solfège corporel, les percussions, mais aussi le travail sur la voix (comme demander aux élèves d’exécuter un exercice physiquement, de le chanter rythmiquement et aussi de pouvoir le visualiser mentalement).
Dans cette société de l’audio-visuel, les élèves ont surtout une mémoire visuelle, la mémoire rythmique et la mémoire mélodique sont très faibles. Pourtant la rythmique est présente partout ; dans la structuration d’un cours, des exercices, dans la communication verbale … dans le silence.
Dans les cours de jazz, on essaye d’apprendre tout cela aux élèves, mais il est certain que s’ils avaient une solide base en claquettes, on pourrait avancer beaucoup plus vite.
Regardons le problème du coté des danseurs de claquettes : on trouve le même problème mais inversé. Dans le mot « danse de claquettes » il y a bien le mot « danse ». En claquettes, on frappe de plus en plus, mais on danse de moins en moins. L’évolution des claquettes est devenue 1 technique, frontale, sans beaucoup de déplacements ; c’est certes très spectaculaire de faire 10’000 frappes à la seconde, mais où sont la danse et la communication ?. Le vieux jazz, comme les claquettes traditionnelles, sont perçus maintenant comme dépassé et ringard. Cela est regrettable, car l’étude stylistique de la danse jazz, tout comme celle des claquettes, donnent des bases fondamentales.
Bien sûr, l’évolution doit aller de l’avant mais doit- on pour autant en perdre
L’identité ? Le jazz devient contemporain, et la danse de claquettes une expression de musicien percussionniste de concert.
La grande époque de la comédie musicale reste une source d’inspiration inépuisable : on a encore beaucoup à apprendre de Fred ASTAIRE , de Gene KELLY, Bob FOSSE, Matt MATTOX ……..
Gianin LORINGETT, octobre 2008.